vendredi 25 novembre 2011

Jeudi j'avais envie de faire une petite balade montée. Je suis venue en retard et la nuit tombait... nous sommes partis quand même, tranquillement, pour faire un petit tour. Il faisait bon, Thorgal avançait bien mais un peu avant de sortir dans les bois, il a commencé à s'inquiéter un peu. Il commencer à faire sombre, nous avons pris le trot, un petit chemin qui serpente entre les arbres, nous avons passé les petits troncs au sol... Thorgal était aux aguets, moi j'étais heureuse d'être là, je surveillais les alentours pour pouvoir anticiper et garder le contrôle si j'apercevais par exemple un gros sanglier au loin :p
Nous avons fait une petite boucle, Thorgal s'est fait peur une ou deux fois gentiment, il était tellement occupé à guetter le paysage qu'il a trébuché et a failli se vautrer, en général il se rattrape bien mais là, je pense qu'un de ses genoux a touché le sol !! Hop il a continué au trot comme si de rien n'était... je suis contente qu'il sache bien se rattraper comme ça !! (faut dire qu'il ne regarde pas toujours où il met les pieds alors, il a de l'expérience en ce qui concerne "trébucher et se rattraper comme si de rien n'était" :p).
Dans un chemin qui montait légèrement, avec un bon sol, j'ai eu envie de faire un petit départ au galop à chaque main, une petite touche "travail - révision" avant de rentrer. Ouh quelle mauvaise idée... mais bon comment pouvais-je savoir que ça allait si mal se passer... Premier départ à main gauche, nickel, depuis un léger travers... Deuxième départ à main droite : le fiasco !! Thorgal n'était pas attentif, un peu inquiet, il faisait bien le travers mais quand je demandais le départ, il prenait un peu de temps à partir, se remettait mal et partait à faux. J'ai du recommencer 5 ou 6 fois le départ avant d'en avoir UN à juste, j'ai halluciné, cela devait faire un an que ça n'avait pas été aussi dur d'avoir un départ à droite. J'étais déçue, tellement déçue, tellement frustrée... dépitée... Nous avons rejoint le haras, avant de quitter la forêt Thorgal s'est arrêté, il avait visiblement vu quelque chose de très effrayant dans les fougères... moi je n'avais rien vu mais bon, je suis moins douée que lui pour sentir les monstres hippophages :p Je l'ai laissé regarder et comme aucun dahu ne se manifestait, je lui ai demandé de se remettre en route. Nous avons traversé le haras... là encore, petite déception, près de la carrière Thorgal s'est arrêté, visiblement tétanisé de peur. J'ai mis au moins une minute à comprendre que ce qu'il regardait comme ça, c'était... un tuyau d'arrosage... Je sais qu'on doit prendre en compte chaque peur du cheval, mais... quand on vient de quitter une forêt noire effrayante, qu'on longe un chemin avec des plaques, des gros cailloux, de la rubalises et pleeeins de trucs susceptibles de faire peur, j'ai eu du mal à accepter le fait que ce soit un vulgaire tuyau vert qui effraye Thorgal !! Enfin, un tuyau vert, comme il y en a partout au haras, on passe par-dessus régulièrement... !!
J'ai demandé à Thorgal d'avancer sans chipoter (le tuyau était à 5m du chemin, même pas sur notre route), mon grand a commencé à s'écarter sur le côté, ah non, écarts interdits, je lui ai mis une tarte sur la droite et je l'ai amené regarder le tuyau avant de perdre vraiment patience. On ne pouvait pas s'en approcher vraiment car la rubalise coupait la route. Mon grand a regardé son tuyau quelques secondes de plus, puis nous avons repris notre route. J'imagine que ma frustration dans la forêt, au sujet du départ au galop, l'a inquiété et que dans cette atmosphère particulière, déjà stressante, il a trouvé que ce tuyau était vraiment louche. Mais bon c'est très dur dans ces moments là de ne pas tomber dans la facilité de se dire que le cheval se "moque de nous"...

Retour côté Brétigny, dans le pré en face de celui de Thorgal, je voulais finir sur un départ au galop correct à droite, pour que ce soit ce qu'on retienne de la séance et que ça ne se reproduise pas la prochaine fois. Je ne sais pas si c'était une erreur mais ça a été très laborieux... nous avons du bosser 1/4 d'h, avant d'obtenir deux départs au galop à droite et deux départs au galop à gauche, sans erreur. Il a fallu que je fasse une leçon de jambe, pour que Thorgal réponde + vite et plus "instinctivement" au lieu de se torturer à réfléchir sur quel pied il doit partir... il a fallu que j'ignore la peur qu'il avait de la méchante haie en face... avec la nuit, le vent, et le passage régulier de sangliers à cet endroit, cela fait 3 ans qu'on passe là, et 3 ans que Thorgal n'est pas rassuré :p
Bref, fin de séance difficile, j'étais dépitée, l'impression de régressée, d'avoir été odieuse avec Thorgal... lui, il était fatigué, transpirant, blasé... J'étais tellement déçue que ma "petite balade à la fraîche avec un peu de galop" se soit transformé en une séance d'angoisse et de frustration pour moi...
J'ai mis pieds à terre après avoir bien récompensé Thorgalou, je me suis occupée de lui, pansage, coucher dans le pré, je me suis occupée de ses croûtes de gâle de boue, ça semblait aller déjà un peu mieux, ouf... mais il va falloir du temps, rien que pour trouver les croûtes dans les poils et mettre la crème, il faut compter une bonne demie-heure...

Nous avons fait des câlins, j'ai essayé de finir sur beaucoup de zénitude, de dire à mon grand que je l'aimais, que j'étais désolée, qu'on allait y arriver... Retour au pré, Thorgal était bien, il n'avait pas l'air de m'en vouloir... J'ai traversé le pré avec lui pour ne pas le laisser seul à côté de la méchante haie. Une fois avec ses copains, je l'ai invité à brouter pour partir en douce mais il a tenu à me raccompagner jusqu'à la clôture. Je l'ai remercié.. et je suis sortie, le coeur bien lourd...

*****

Le lendemain, quand je suis arrivée, Thorgal était en train de boire. Il a été surpris de me voir et a sursauté fort. Je suis entrée dans le pré, je me suis éloignée pour l'inviter à me rejoindre.. il a fini de boire, m'a regardé... s'est approché... comme je m'éloignais toujours, il s'est découragé et est allé au foin avec ses copains. Petit coup au coeur pour moi... mais grosse leçon, vu la séance que je lui avais fait subir la veille, c'était bien fait pour moi. J'étais vraiment malheureuse, mais combien j'étais contente qu'il me donne cette leçon. Je me suis approchée, j'ai demandé ses hanches... pas trop de réaction, j'ai fouetté la badine, les chevaux ont sursauté et se sont écartés, Thorgal s'est un peu réveillé et est venu vers moi. Je suis partie en courant, à dire vrai, j'avais prévu de faire une séance cool dans le pré, de jouer... Mais Thorgal est resté au trot, nous avons traversé le pré, il me suivait au trot, de loin... J'ai compris qu'aujourd'hui, il n'avait pas envie de jouer, peut-être même pas vraiment envie de me voir. Je me suis arrêtée, je l'ai accueilli, récompensé... J'avais envie de pleurer ! C'est après cette séance que j'ai réfléchis très fort et compris que pour les départs au galop, il fallait que j'arrête de le prendre à coeur, tant pis si ça fait deux ans qu'on bosse et qu'il en faut 10 de plus. Qu'il fallait aussi que j'arrête d'alterner les pieds systématiquement : trop de confusion, non, Thorgalou a besoin d'être sur de lui, de ce que je demande, il faut qu'on essaye de mécaniser un peu le truc, et pour ça : deux ou trois à une main, deux ou trois à l'autre, en détaillant bien, en prenant le temps, le soin, en exagérant un peu les demandes... et dans quelques semaines, quelques mois, quand on sera prêts et surs, on pourra réessayer les changements de pieds en ligne droite.

Bref, pour en revenir à la séance, j'étais donc avec Thorgal, dépitée au milieu du pré... nous sommes allés en direction de la porte, je l'ai caressé tout le long... près des copains, je lui ai demandé une petite pirouette... une jambette... mon grand a obtempéré, gentiment mais sans grande motivation...
Nous sommes sortis du pré, je l'ai amené au petit manège. Un seau de floconnés, je voulais lui en donner régulièrement jusqu'à dimanche pour qu'il ai un peu de ressources pour le défilé dans Paris. Je me suis occupée de ses pieds... Puis une fois tout cela fini, j'ai pris mon chapeau, je me suis mise à cru, nous sommes rentrés au pré. En route, un ou deux arrêts, un petit reculer... aucun contact avec le licol, hyper cool, le but était de lui rappeler que je ne monte pas sur son dos que pour le faire suer avec mes départs au galop...
J'ai mis pieds à terre, Thorgal était beaucoup mieux, moins boudeur qu'au début de la séance, il avait les oreilles droites et me regardait gentiment. Nous sommes entrés dans le pré, je lui ai fait enlever mon chapeau, il aime beaucoup décidément ^^ J'ai voulu lui apprendre à le ramasser mais Thorgal le prenait et le jetait un peu plus loin... lol, je crois qu'il apprécie le fait de me retirer le chapeau et le "jeter", du coup, il fait pareil quand le chapeau est par terre :p

Un bisou et quand je suis partie, Thorgal m'a regardé et a attendu que je disparaisse avant de rejoindre ses copains. Il n'était plus pressé que je parte, il était bien, ouf, j'avais un peu réparé mon mauvais comportement de la veille... mais il faut que ce genre de perte de sang froid et de frustration me passe, parce que ce n'est pas possible de continuer ainsi. Même si Thorgal "pardonne", il n'oublie pas, je ne peux pas m'empêcher que chaque fois que je m'énerve, que je suis injuste, je détruis définitivement des petites choses de complicité, de confiance, qui ne reviendront jamais. Un jour, si on n'y prend pas garde, on se retrouve avec une carapace qui a l'air belle, un cheval qui a l'air de faire confiance, qui fait ce qu'on lui demande, mais à l'intérieur, il n'y a plus rien. Je ne veux pas que ça nous arrive, je veux qu'on soit sincères l'un avec l'autre, que notre relation soit vraie, qu'il y ai de la force entre nous, de la consistance dans notre complicité. Je ne veux pas que Thorgal pense toujours, au travail, aux jours où j'ai pété les plombs. Je ne veux plus avoir ces réactions minables, j'aime mon cheval plus que tout et dans ces moments là, je suis capable de l'oublier. Au nom de quoi ??? des progrès ? Avec les chevaux, ce n'est pas la fin qui compte, ce sont les moyens. Et la fin de justifie pas les moyens. Je ne dois pas accepter les progrès s'ils ont été mal gagnés.
J'espère que j'ai suffisamment regretté et mâchonné ces dernières séances pour réussir la prochaine fois que ça ne se passe pas "comme prévu", à me tenir, à relativiser, à me souvenir de mes priorités et à rester pleine d'amour et de justesse avec mon grand.
Je me défoule un peu, je vide mon sac, j'en suis désolée... mais ça me permet de faire le clair, de faire le vide, comme une sorte de confession. Sur les blogs d'équitation, en général les gens ne parlent que de ce qui se passe bien... c'est important pour moi de rester la plus objective possible, d'insister autant sur ce qui bloque, que sur ce qui marche. Car tout cela, c'est notre histoire ^^

Aucun commentaire: